J’ai décidé d’écrire une série d’articles sur la Chesapeake Shores, une série actuellement disponible sur Netflix.
La série est basée sur les livres de Sherryl Woods. Je n’ai pas lu le livres, j’ai uniquement regardé la série. Et les propos tenus ci-dessous ne s’appliquent donc pas aux livres. Peut-être qu’on y retrouve les mêmes problèmes que ceux soulevés ici, ou bien pas du tout !
Si vous ne connaissez pas l’histoire, voici le pitch. Abby O’Brien est une trentenaire brillante qui réussit à merveille sa carrière professionnelle. Divorcée et maman de deux petites filles, elle retourne dans sa ville natale, Chesapeake Shores car sa grand-mère est malade. Elle va y retrouver son père, ses frères et sœurs et son amour du lycée.
Le cadre
Avant tout chose, je n’ai pas pour idée de dénigrer la série. J’ai regardé les 6 saisons disponibles, donc on ne peut pas dire que je n’ai pas accroché. Cependant, certains moments m’ont « dérangée » et après avoir réfléchi au pourquoi du comment, je me suis mise à analyser la série.
Il me semble que Chesapeake Shores soit un programme télévisuel parfait pour travailler sa propre écriture.
Attention, je vous conseille de regarder la série avant de lire mes articles. Cela vous aidera à comprendre les points que je soulève, et je vais spoiler la totalité des saisons avec des exemples concrets.
Aujourd’hui, nous allons nous focaliser sur la longueur des scènes.
Les scènes courtes permettent-elles de rendre un récit dynamique ?
Dans les films, on trouve parfois des longueurs. L’histoire traîne, ne mène à rien. Ce n’est pas forcément la durée des scènes qui fait que l’on trouve le film longuet. Mais on trouve parfois pourtant des scènes beaucoup trop longues où il ne se passe rien.
Dans Chesapeake Shores, on est confronté au problème inverse. Les scènes sont trop courtes et s’enchaînent trop vite. Résultat on voit une scène sur la côte, puis une scène dans la maison, puis une scène dans la ville, chacune ne durant que quelques secondes. Et pourtant, il y a des longueurs.
En effet, les scènes sont trop courtes, mais manquent également de substance. On a parfois une scène dédiée pour une simple réplique. Pourquoi ?
Vous noterez également que les personnages font souvent les mêmes choses. Ils parlent du même problème, ont les mêmes attitudes, etc. La pluralité des scènes ne fait pas grandir le personnage que vous suivez, il le montre juste agir de la même manière partout.
À travailler en tant qu’auteur
- La raison d’être de la scène en question
Chaque scène doit exister pour une raison. Si votre scène n’existe que pour montrer un seul élément, revoyez l’ensemble. Est-il possible d’intégrer la réplique ailleurs ? Est-il possible de suggérer l’information autrement ? Cette scène permet-elle une avancée majeure pour l’histoire ?
Un changement de lieu et de protagonistes pour un instant très court peut être utilisé pour coller à votre style, mais cela doit être utilisé avec parcimonie.
- La diversité des scènes
Si vos personnages sont systématiquement attablés lorsque vous les mettez en scène, il y a probablement un problème. Ne pouvez-vous pas trouver une autre manière de les faire agir ? Le repas est-il l’élément principal de votre récit ?
Si vous écrivez un roman qui se passe dans la vie réelle, pensez à de vraies scènes, de vraies répliques et de vraies attitudes. Oubliez ce qui « fait bien » pour vous concentrer sur l’essentiel.
Faites également attention à varier le cadre. Pas besoin de transporter vos personnages dans tous les recoins de la ville, mais évitez de n’enchaîner que des conversations à deux sur plusieurs paragraphes, voire chapitres. Prenez de la hauteur sur votre récit, et imaginez-le prendre vie devant vos yeux. Est-ce vraiment ce que vous voulez voir ?
- L’organisation globale du récit
Outre les scènes courtes, changer de lieu toutes les dix secondes ne servira pas votre récit. Vos lecteurs sauront comprendre les ellipses temporelles et géographiques. Cependant, le déroulé du récit doit rester cohérent. Ne créez pas de « trou » dans votre histoire. Bien qu’il ne soit pas forcément intéressant de raconter tout ce qui a pu se passer entre le matin et le soir, introduisez un changement de temps nécessaire par un élément discret.
Voici des exemples : « Après une longue et ennuyeuse journée… », « Bien que la matinée ait été forte en émotion, elle fut heureuse que la journée se termina enfin », etc.
Sinon, changez tout simplement de chapitre pour vraiment passer à autre chose.
Vous pouvez aussi changer de lieu à votre guise, mais cela doit être en lien avec la scène précédente. Si votre protagoniste était au supermarché puis se retrouve à la plage, liez vos éléments. Pas besoin de tartiner des kilomètres de texte. Une simple introduction, subtile ou non, pourra vous aider.
Des exemples à nouveau : « Le temps était bien plus doux dehors que dans ce centre commercial bien trop climatisé. », « Il fut heureux de pouvoir profiter d’un pique-nique sur la place, agrémenté des victuailles achetées plus tôt », etc.
Donnez du liant. Et rappelez-vous que si vous n’arrivez pas à trouver une cohérence entre vos scènes, c’est peut-être que l’une d’entre elles n’a pas lieu d’être.
Un lecteur qui ne comprend pas bien où vous allez pourra facilement décrocher et reposer votre livre.
- Le dynamisme de l’écriture elle-même
Un récit sera dynamique s’il ne comporte pas de répétition et s’il suggère plutôt qu’il ne démontre. Des phrases courtes vous aideront également à rendre votre histoire plus vivante.
Les longues descriptions permettront de mettre le lecteur dans un contexte et de l’embarquer dans votre univers. Mais ne sous-estimez pas l’imagination de ceux qui vous liront. Vous pouvez aisément faire court pour donner les éléments importants du décor. Le reste sera extrapolé par vos lecteurs.
Pour aller plus loin
Il est toujours plus simple de voir ce qui ne va pas quand on prend un peu de hauteur. Lorsqu’un livre est adapté au cinéma, en film ou en série, des contraintes peuvent se poser. Le texte initial n’est pas toujours respecté. Je me demande d’ailleurs ce qu’il en est des livres Sweet Magnolias. L’auteure est encore Sherryl Woods et la série est aussi adaptée par Netflix sous le nom “A l’ombre des magnolias” en français. Là aussi, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de discordances et une exploitation un peu légère de l’histoire. Bien que ce soit, à mon goût, bien mieux adapté que Chesapeake Shores.
D’autres exemples de séries ou de livres confrontés au même problème ? Partagez-nous vos trouvailles en commentaires.
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1 réflexion au sujet de « Chesapeake Shores : la longueur des scènes »