Aujourd’hui, c’est un article hybride que je vous propose. Je ne vous donnerai pas mon avis sur un livre puisque, en toute honnêteté, je n’ai jamais lu Illusions Perdues d’Honoré de Balzac. Cependant, pour ceux qui ont du retard dans la lecture des grands classiques, le cinéma est notre allié. En effet, Xavier Giannoli nous offre en octobre 2021 une adaptation du célèbre roman.
Est-ce que j’ai aimé le film ?
Déjà, n’ayant pas lu le livre, je ne me risquerai pas à comparer les deux, trouvant dommage certaines ellipses et trop longs certains passages. Alors ma réponse est tout simplement : oui.
Pour être franche, j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire. Le narrateur qui parle en voix off, j’ai trouvé ça… déroutant au début et pas très moderne. Mais dès que Lucien de Rubempré arrive à Paris, je me suis laissée happer par le flot de la vie parisienne.
Bon, je vous donne mon avis, mais en fait on s’en fiche un peu. Si je vous propose cet article aujourd’hui c’est surtout pour le fond de l’histoire.
Pourquoi j’ai aimé ?
Voilà la vraie question. J’ai aimé parce que dès que le cadre est fini d’être posé, on rentre dans le vif du sujet où tout auteur, amateur ou non, peut se retrouver. Et ma réflexion après 45 minutes de film : rien n’a changé !
Dans ce film, on nous dépeint une presse qui se vend au plus offrant, des succès et échecs montés de toutes pièces et un parcours du combattant pour trouver un éditeur. Ça fait du bien que quelqu’un le clame haut et fort, le montre sans vergogne, en fait la satire et le tire à l’extrême jusqu’à en montrer comment l’humain lui-même se déforme. Que ça fait du bien que ce soit assumé même si ça déprime !
Un monde de l’édition qui n’a pas pris une ride
Je ne suis pas critique cinématographique et je suis certainement passé à côté d’un grand nombre de références, mais pour résumer, Balzac nous condense l’édition comme un monde dans lequel :
- il faut avoir un nom pour vendre
- la polémique booste les ventes
- certains genres ne se vendent pas
- un succès peut être créé de toute pièce grâce au marketing (du moins ses prémices à l’époque)
- les éditeurs ont le pouvoir de dire oui ou non à un ouvrage (mais peuvent être influencés par le contexte)
Et que nous dit le monde actuel ? Eh bien la même chose !
Un constat désespérant ?
Ceci étant, cela n’est ni pessimiste ni défaitiste. En effet, de nos jours nous avons de nouvelles armes. Si au 19e siècle l’édition traditionnelle fait loi, c’est toujours le cas aujourd’hui, MAIS nous avons d’autres solutions. L’essor de l’autoédition et la mise à disposition, auprès du commun des mortels, d’outils puissants (Internet pour la faire courte) nous permettent aujourd’hui de rebattre les cartes.
Il n’en reste pas moins que les constats de Balzac restent ceux qu’ils sont. Il sera toujours plus simple « d’avoir un nom » pour vendre, mais vous pouvez à présent vous le créer vous-même en commençant petit à petit. Notez aussi qu’un succès se crée et je ne peux que vous renvoyer à mon anecdote sur Stephen King.
Les éditeurs auront toujours le pouvoir et les auteurs s’efforceront toujours de faire rentrer leur manuscrit dans le monde de l’édition par ce moyen. Mais nous pouvons aussi découvrir le travail des maisons d’édition en nous attelant à la tâche et en développant ainsi une meilleure connaissance du marché et de nos lecteurs.
L’avenir de l’édition dans tout ça ?
Il m’est impossible de prédire l’avenir, mais il me semble que les choses ne devraient pas beaucoup changer à court et moyen termes. Je suis tiraillée entre le fait de penser que cela fonctionne bien ainsi et désespérée que le choix ne revienne pas vraiment aux lecteurs. Les lecteurs donnent des prix sur des romans déjà présélectionnés donc on biaise leur choix, mais il faut bien donner des critères de discrimination sous peine de noyer un lectorat dans la multitude d’ouvrages autoédités de qualités bien variables.
Limiter le choix permet une meilleure expression des ouvrages sélectionnés. Il y a moins de « concurrence » sur le marché et les auteurs édités par les maisons d’édition peuvent se professionnaliser.
En conclusion
Pour conclure, il me semble nécessaire de comprendre comment fonctionne l’univers de l’édition avant de se lancer. Tout comme il faut être clair sur ses objectifs avant l’écriture d’un ouvrage pour mettre toutes les chances de son côté. Dans le roman de Balzac, Lucien se fiche de ce que les gens souhaitent lire, il arrive avec son recueil de poésies, et parce qu’on lui a dit que c’était bien, est persuadé de pouvoir se faire publier.
Prenons du plaisir à écrire pour l’activité elle-même et dépensons notre énergie dans nos véritables aspirations. S’il s’agit d’être publié, respectez les codes et ne vous avouez vaincu qu’une fois que toutes les portes se sont fermées. Vous serez d’ailleurs étonné du nombre de portes ouvertes, mais cela pourra faire l’objet d’un futur article.
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