Portraits d’auteurs : Éric Scilien

Dans cette série de portraits d’auteurs, venez découvrir des écrivains et leur parcours. Auteurs autoédités, en maison d’édition, pour le plaisir d’écrire, de transmettre ou pour en faire son métier, chacun vit sa propre expérience.

Retrouvez ces parcours inspirants au travers d’interviews exclusives.

Aujourd’hui, c’est Éric Scilien qui nous dévoile avec humour et sincérité ses conseils pour se lancer. Lauréat d’un concours de nouvelles, un genre qui, il nous le rappelle, a séduit de nombreux écrivains célèbres, il est également auteur de romans. Publié au Seuil, Jacques Flament, Bookless, l’Astre Bleu et en autoédition, Éric Scilien a su s’adapter pour faire sortir au grand jour ses écrits.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Éric SCILIEN. Hasard ou pas, c’est aussi mon nom d’auteur. J’ai passé mon enfance dans le nord, ma jeunesse en banlieue parisienne et je réside désormais en Touraine. Je ne compte pas descendre plus au sud, car je déteste les coups de soleil.

Pourquoi avez-vous commencé à écrire ?

J’imagine avoir été mû par ce besoin fondamental de tout être humain à vouloir s’exprimer.

Si la nature m’avait pourvu d’autres talents — de musicien, peintre ou dessinateur, par exemple —, j’aurais pu choisir une autre voie. Mais cela ne s’est pas trouvé.

Alors j’ai continué à écrire.

Comment vous est venue l’idée d’écrire votre premier roman ?

Mon premier roman a pour titre « Une gueule d’ange » — et je réponds tout de suite à la question que vous vous formulez intérieurement : non, il ne s’agit pas de moi ! D’ailleurs, je n’ai rien d’un ange (vous pouvez demander à ma femme, elle vous le confirmera).

« Une gueule d’ange » est un roman qui parle d’amour — pardon, d’Amour — d’injustice et de coups durs, des thèmes récurrents dans mes histoires. C’est un roman découpé en séquences très « visuelles », qui pourrait facilement être adapté au cinéma (et qui, j’en suis sûr, connaîtrait un gros succès !)

Quant à savoir comment m’est venue l’idée, je crois avoir pensé au pire qui pourrait arriver à un homme amoureux.

Quel type d’édition avez-vous choisi ? Pourquoi ?

La maison d’édition à compte d’éditeur reste à mon sens — et de loin — l’idéal. Un de mes textes a été publié au Seuil et il s’est vendu à quelques milliers d’exemplaires sans que je n’aie rien à faire (sinon écrire le texte, bien sûr !).

L’écrivain écrit, son éditeur vend ses livres — c’est le schéma idéal.

Le problème, c’est lorsque les éditeurs refusent votre manuscrit. Que faire ? Le laisser dormir dans un tiroir ? Allumer un cierge, un carton de cierges à la cathédrale de Lisieux en priant meilleure fortune ?

Après le Seuil, il m’a fallu patienter plusieurs années avant de retrouver un autre éditeur (bien moins prestigieux).

Aujourd’hui, il existe une solution alternative : l’autoédition. J’y ai eu recours pour avoir le plaisir de finaliser certains projets et je ne le regrette pas. J’ai apprécié cette expérience qui m’a beaucoup appris. Mais le Graal reste tout de même d’être publié par une maison d’édition qui a les moyens de promouvoir ses auteurs.

Il ne vous aura pas échappé qu’en autoédition, les auteurs qui réussissent à tirer leur épingle du jeu signent rapidement avec une maison d’édition traditionnelle — voyez Agnès Martin-Lugand : son livre « Les gens heureux lisent et boivent du café » a été un succès en autoédition ; elle a très vite signé chez Michel LAFON.

Comment vous êtes-vous lancé dans l’envoi de votre manuscrit aux maisons d’édition ?

Pour ma publication au Seuil, j’ai participé à un concours de nouvelles : 1250 textes présentés, les 5 premiers ont été publiés en recueil dans la collection Points (« Les crimes de la rue Jacob »).

J’ai découvert l’existence des éditions Jacques Flament sur le forum du cercle maux d’auteurs (https://www.forum-mda.com/index.php) ; je leur ai adressé une proposition par mail et elle a été acceptée. J’ai publié 5 livres chez Jacques Flament.

https://www.jacquesflamenteditions.com/eric-scilien/

Corinne — la fondatrice de Bookless éditions — avait découvert l’un de mes livres par l’intermédiaire d’une amie commune. C’est elle qui m’a contacté pour me proposer d’être publié chez BOOKLESS.

À ce jour, j’ai 8 titres à son catalogue.

https://bookless-editions.fr/ebooks/manufacturers/eric-scilien

Enfin, concernant ma publication chez l’Astre Bleu, c’est un ami auteur qui m’a fait découvrir cette petite maison indépendante. Présenté par ses soins, je leur ai soumis un manuscrit en version numérique. Et ainsi est né « GAGNER OU RIEN », un roman auquel je crois beaucoup :

https://lastrebleu-editions.fr/librairie-de-l-astre-bleu/helium/01-gagner-ou-rien/

Vous avez à présent des manuscrits publiés par les éditions Jacques Flament, d’autres sur Bookless et d’autres en autoédition. Pourquoi diversifier ainsi votre mode de publication ?

À cette liste, j’ajoute mon dernier roman, « GAGNER OU RIEN », publié par l’Astre Bleu (mon meilleur roman, à mon sens).

Pour répondre à votre question, la diversification de mes publications est moins un choix que le reflet de mes capacités d’adaptation. Je me suis efforcé de saisir les opportunités qui se sont présentées.

Comment organisez-vous vos moments d’écriture ?

Quand j’étais plus jeune, j’aimais écrire le soir, pour ne pas dire la nuit. En même temps, on n’a pas vraiment le choix quand on travaille la journée !

Avec le temps, j’ai développé une capacité à écrire n’importe où n’importe quand ; dans une salle d’attente, en faisant la queue chez le boulanger, au milieu d’un stade de foot en ébullition ou le temps d’un feu rouge. Bien sûr, il faut toujours avoir un carnet et un stylo sur soi — et s’efforcer d’écrire LISIBLEMENT (j’ai parfois toutes les peines du monde à me relire) ; le tout est de saisir les idées au vol, quand elles viennent — car on n’est jamais sûr qu’elles repassent.

Quand je trouve que je n’ai pas assez de temps pour écrire, je songe à Varlam Chalamov, l’auteur des récits de la Kolyma. Condamné au bagne, Chalamov écrivait « dans sa tête », le ventre vide et les pieds dans la neige. Il s’efforçait d’apprendre par cœur les phrases qu’il composait mentalement. Total respect.

Comment gérez-vous le « marketing » autour de vos livres ?

Cette partie m’intéresse moins, mais je m’y plie, au moins ponctuellement. J’utilise le site Simplement pro (https://simplement.pro/) pour obtenir des chroniques sur mes livres, je participe à quelques salons. Je poste sur FB — j’ai une page auteur — et je tiens un blog : https://leblogderics.blogspot.com

Je pourrais sûrement faire plus et mieux sur le champ de la communication. Si une bonne âme est prête à partager son savoir-faire, qu’elle n’hésite pas à prendre contact avec moi. Je suis preneur !

Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux auteurs qui se lancent actuellement dans l’aventure ?

 1.

Commencez par écrire des nouvelles. On ne le dit pas suffisamment, les nouvelles sont l’âme de la Littérature. Tous les grands auteurs ont écrit des nouvelles, les nouvelles forgent votre plume.

Relisez « Histoire de rire » de Tchékhov, « La parure » de Maupassant. Et « Le vaillant soldat de plomb » d’Hans Christian Andersen. Il est peut-être possible de faire aussi bien ; mieux, ça me paraît difficile.

À cette liste, je me permets d’ajouter « Comment réussir sa vie sans être une rock star », un recueil de ma propre composition paru chez Bookless. La première nouvelle « Tout le monde veut changer de vie » est — je crois — un modèle de nouvelle noire.

Amazon.fr —Comment réussir sa vie sans être une rock star —Scilien, Éric —Livres

2.

Visez haut — dans tous les sens du terme.

3.

Utilisez l’autoédition — mais comme un moyen et non une fin.

Le moyen de vous faire connaître, en premier lieu ; le moyen d’avancer, en second : publiez en autoédition plutôt que laisser vos manuscrits prendre la poussière dans un tiroir.

4.

La littérature est une course de fond, pas un sprint.

5.

Dans son excellent recueil paru en autoédition « Éditez-moi ou je vous tue », Paul Desalmand écrivait (je cite de mémoire) : « Tout miser sur l’écriture est le meilleur moyen de rater sa vie. »

Je suis assez d’accord avec cette idée : écrire, c’est bien. Vivre, c’est mieux. L’écriture ne remplace pas la vie.

Vivre et « courir le monde », c’est le conseil qu’avait donné Maxime Gorki, le grand écrivain russe au jeune Isaac Babel qui en était à ses premières publications.

Babel a suivi son conseil.

Et il est devenu, à son tour, un écrivain reconnu.

Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Oui, des tonnes. Bien plus que je ne pourrai mener à bien. Je vais en citer deux qui me tiennent à cœur : un recueil de nouvelles intitulé « Écrire rend fou » et un roman « Inspirations ».

Un grand merci à Éric Scilien de s’être prêté au jeu de l’interview.

Et pour découvrir d’autres auteurs, suivez le guide !

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