Vous avez le projet de devenir écrivain, et pour cela, vous avez donné de votre personne. Si vous êtes salarié en parallèle, vous savez que quand vous terminez votre journée ou votre mois de travail, vous obtenez une rémunération.
Je vous déconseille et même décourage de « devenir écrivain » pour l’argent. Si c’est votre seule motivation, passez votre chemin, car vous risquez de vivre bien plus qu’une déception. Mais alors, c’est quoi le vrai salaire d’un écrivain ?
Combien gagne un auteur ?
Je citerai ici Isabelle Meyer dans son ouvrage Écrire un roman les trucs qui marchent. Dès les premières pages de son livre, elle vous donne les chiffres, histoire de vous faire une petite idée de la réalité. D’après elle, un auteur gagne entre 5 % et 14 % du prix de vente du livre sachant qu’un premier roman se vend (sauf exception) entre 600 et 700 exemplaires. Déjà là, vous pourriez être déçu voire démotivé, car passer tant de temps à écrire, seul devant son écran d’ordinateur, envoyer des dizaines de fois votre manuscrit auprès des maisons d’édition, réussir à passer l’étape de sélection et finalement se voir distribuer à 600 ou 700 exemplaires… il y a de quoi devenir barge.
Mais ce n’est pas fini ! Isabelle Meyer termine le calcul en admettant un prix de vente de 16 € de votre ouvrage avec un tirage à 700 exemplaires ce qui vous fait 11 200 € de chiffre d’affaires. Vous pouvez ensuite appliquer votre taux (entre 5 % et 14 %). Dans l’exemple, l’auteur choisit 12 % pour 650 heures de travail (soit 6 mois et demi de travail en travaillant 5 jours par mois et 5 heures par jour). Je m’arrête sur ce point, car si c’est votre premier roman vous avez certainement travaillé bien plus que 650 heures. Je vous le dis et redis dans mon article sur « Comment devenir écrivain », le travail de préparation peut être énorme et doit être compté dans les 650 heures.
Je pense que vous pouvez gonfler le nombre d’heures de travail et abaisser un peu le taux de rémunération, car en tant que premier roman, vous ne serez pas en mesure de beaucoup négocier votre rémunération. Enfin bref, tout ça pour arriver finalement à un taux horaire de 2 €. Rendez-vous compte, votre livre vous rapportera 2 € par heures travaillées. Pour ceux qui n’ont pas en tête de comparatif, le SMIC horaire net en novembre 2020 s’élève à 8,03 €. Alors certes, écrire ce n’est pas aussi fatigant que certains jobs payés au SMIC, là n’est pas le débat, simplement, n’écrivez pas pour devenir riche, c’est une motivation bien trop éloignée de la réalité du travail à fournir.
De quoi est composée la rémunération des auteurs ?
Vous le voyez, la rémunération d’un auteur est faible. Vous me direz que j’ai pris là un exemple d’un seul ouvrage qui peut ne pas être représentatif. Vous avez raison, car je trouve que l’auteure en question est un peu trop optimiste. Le 7ème baromètre des relations auteurs/éditeurs datant de 2018 nous donne les chiffres suivants : 68 % des auteurs déclarent un taux de rémunération inférieur à 10 %. Pour un livre grand format à 20 € par exemple, l’écrivain va percevoir entre 1,14 € et 2,27 € par vente. Même si vous réalisez l’exploit d’en vendre un millier, cela représente au mieux 2 270 € pour, disons, votre année de travail.
Le taux de rémunération n’est pas le seul à prendre en compte bien sûr, certains auteurs touchent ce que l’on appelle un « à valoir » qui permet de compléter les gains de l’auteur. Celui-ci est négocié à la signature du contrat et est compris (toujours d’après le baromètre) entre 1 500 et 3 000 €. À noter que 25 % des auteurs ne perçoivent pas d’à-valoir et doivent donc compter uniquement sur leur taux.
Je pourrais vous citer maintes et maintes sources qui vous montrent à quel point ce n’est pas grâce à l’écriture que vous ferez fortune, mais mon but n’est pas de vous dégoûter d’écrire, simplement de vous lancer dans ce projet en ayant en tête que devenir riche ne doit pas être votre mantra au risque de déchanter sérieusement.
Les variations de salaire entre les auteurs
Le revenu d’un auteur est hautement variable et dépend de plusieurs facteurs, notamment la notoriété, le succès commercial du livre, les droits de traduction et d’adaptation, et les contrats d’édition. Certains auteurs peuvent gagner confortablement leur vie grâce à leurs écrits, tandis que d’autres peuvent percevoir des revenus plus modestes. Quoi qu’il en soit, l’écriture demeure une passion et une forme d’expression artistique qui enrichit la vie de nombreux auteurs, quel que soit leur niveau de succès financier.
Comment percevoir un plus grand pourcentage de notre travail ?
Pour gagner davantage que les 10% dont je vous parlais plus haut, vous pouvez vous lancer dans l’autoédition. En vous autoéditant, vous percevez un plus grand pourcentage de vos ventes. En effet, en vous autoéditant, vous passez par des plateformes telles que Kobo ou Amazon dont les redevances aux auteurs sont plus élevées que les 10% des maisons d’édition.
Cependant, bien que vous puissiez récupérer 70% du prix de vente de votre livre, vous aurez aussi des coûts personnels plus élevés. En passant par une maison d’édition, beaucoup de postes ne sont pas à votre charge. Ainsi vous n’aurez pas à faire corriger professionnellement votre livre, la maison d’édition s’en chargera. Vous ne devrez pas non plus vous occuper du graphisme pour la mise en page ou la couverture. Enfin, vous n’aurez aucun frais de publicité puisque que c’est la maison d’édition qui s’en chargera.
Si vous êtes écrivains, vous pouvez vouloir récupérer plus d’argent sur chaque vente. L’autoédition est alors une solution. Notez tout de même que vous aurez des frais importants si vous souhaitez sortir du lot. Généralement, et ce n’est pas toujours vrai, mais dans l’immense majorité des cas, vous vendrez davantage de livres via une maison d’édition que via l’autoédition. Alors peut-être que vous ne percevrez que 10%, mais ce sera sur de plus gros volumes.
Et les écrivains à succès ?
Malgré ces premiers paragraphes, vous ferez peut-être partie des auteurs à fort succès qui peuvent aujourd’hui se consacrer à l’écriture de romans comme job à plein temps. Le journal Capital publiait en 2017 la liste des écrivains les mieux payés. Les salaires avancés sont des estimations, mais on retrouve en tête Guillaume Musso et ses 2,8 millions de revenus en 2016 suivi par Marc Lévy et 1,7 million d’euros puis Michel Bussi avec 1,4 million d’euros de revenus. Les deux suivants passent déjà sous la barre du million de revenus. Cela peut vous faire rêver, mais ces trois auteurs ont de nombreux romans à leur actif et une carrière déjà bien en place.
Peut-être réussirez-vous à entrer dans le top 10 des écrivains français les mieux payés. Je vous le souhaite sincèrement. En attendant, retournez à votre roman ! Le meilleur moyen d’atteindre vos objectifs c’est de les fixer et de tout mettre en œuvre pour y arriver !
Avez-vous noté que depuis le 1er janvier 2020, les droits d’auteurs doivent être directement déclarés à l’URSSAF par l’éditeur?
Les droits d’auteurs ne sont pas calculés sur le TTC, mais sur le HT, soit 5,5% en moins. La TVA est obligatoirement reversée à l’État.
De plus, l’URSSAF prélève environ 16% de charges sociales. Ce qui fait que sur un livre à 16€ TTC, l’auteur touche sur 15,17€.
Les auteurs à 14% atteignent des ventes par dizaines, voire centaines de milliers d’exemplaires.
S’il est à 8% brut, cela lui fait 1,21€ avant prélèvements, soit 1,02€ sur le livre.
Peu d’auteurs vendent 700 exemplaires, mais si l’auteur réussit à en vendre 500, cela lui fait 510€.
Si, pour vendre ses livres, il a engagé des frais de route non remboursés par l’éditeur, le Salon ou le libraire, un café par-ci, un sandwich par là… vous voyez que nous sommes même encore très loin de vos chiffres !
Bonjour Dominique,
Vous avez tout à fait raison, il y a également un certain nombre de charges à prendre en compte dans le calcul. Je me suis basée sur les données lues dans l’ouvrage d’Isabelle Meyer, elles sont peut-être un peu plus optimistes que la réalité mais quand bien même, le résultat final montre bien que l’auteur ne pourra vivre de l’écriture s’il s’agit du seul livre qu’il publie dans l’année.
Bonne journée,
Anne-Laure